Le Niger a accepté d’ouvrir ses portes dès le début de la crise au Mali, en 2012, puis a accueilli à la fois les Nigériens qui rentraient au pays et les réfugiés du Nigéria, qui fuyaient les exactions des forces de Boko Haram dans le nord-est du Nigéria, depuis 2013.
Cette situation s’est fortement dégradée en 2015, et d'importants mouvements internes de population s'en sont suivis.
Actuellement, une grande partie des 310 000 réfugiés et déplacés au Niger vivent près des frontières du pays, dans la région de Diffa (sud-est), qui jouxte le Nigéria et dans la région de Tillabéry (sud-ouest), proche du Mali.
L'afflux de personnes déplacées et de réfugiés dans ces zones occasionne une pression démographique importante et seuls quelques 12 000 de ces réfugiés vivent dans un camp à Diffa tandis que la plupart des réfugiés maliens se trouvent dans trois camps à Tillabéry. Là, quelques 220 000 déplacés vivent aux côtés de la population locale dans des logements de fortune.
Cette situation a transformé en profondeur le cadre social de ces zones rurales et a favorisé l'émergence d'une crise humanitaire doublée d'une crise du logement sans précédent.
Le projet d'urbanisation mis en œuvre par le UNHCR et financé par l'Union européenne à travers le Fonds Fiduciaire d'urgence de l'Union européenne pour l'Afrique à hauteur de 12 millions d'euros sur un total de 12,9 millions d'euros entend créer dans la région de Diffa 6 000 parcelles individuelles et construire 4 000 logements durables au cours des trois prochaines années.
Division de la terre par commune
En vue de construire un logement pour la communauté locale et les réfugiés, l’accès à la terre doit être négocié avec l’ensemble des parties prenantes. Les élus locaux, avec l’appui des chefs traditionnels, sont chargés des négociations avec les propriétaires fonciers.
Une fois que l’accès à la terre est juridiquement acquis, la mairie travaille avec d'une part le UNHCR et ses partenaires et d'autre part avec la Direction régionale de l’urbanisme afin d’établir les plans d’implantation urbaine du projet.
En moyenne, 60 % des parcelles sont réservées au logement, 30 % à la construction de routes et 10 % à l’infrastructure communale. Une telle planification urbaine aide les autorités locales à anticiper le type de services qui seront nécessaires, par exemple l’accès à l’eau et à l’assainissement, ainsi que les établissements de santé et d’enseignement.
Après que les plans d’installation urbaine ont été validés par le Ministère de l’urbanisme, les parcelles sont subdivisées entre les propriétaires fonciers, la municipalité et ceux qui bénéficient de l’intervention du UNHCR.
Les propriétaires fonciers conservent 15 % de la terre pour leurs plans de développement immobilier tandis que les municipalités reçoivent 45 % de la terre qu’elles peuvent par la suite vendre à la population pour générer des revenus pour le développement de la zone.
Les 40 % restants, appelés «parcelles sociales», sont destinés aux plus vulnérables: 90 % des bénéficiaires sont des réfugiés et des personnes de retour de migration et 10 % sont les plus pauvres de la communauté locale. Chaque parcelle sociale mesure 200 mètres carrés, ce qui répond largement aux besoins d'une grande famille.
Construction des logements
Dès que les terrains des parcelles sociales sont disponibles, le HCR s'active à la construction des logements durables avec ses partenaires: le CISP et l'Association nigérienne de construction sans bois.
La construction des logements est réalisée grâce aux matériaux disponibles sur place et à la main-d'œuvre locale afin de soutenir l’économie du lieu.
On estime que, grâce au projet, 2 000 personnes sont employées pendant 15 à 24 mois en moyenne à Diffa.
Dans le souci de sauvegarde de l'environnement et face aux risques croissants de désertification, le logement est construit avec un mélange de boue et de ciment, et non en bois, afin d'épargner les arbres.
Le toit en forme de dôme et les matériaux locaux utilisés s'inspirent des méthodes de constructions traditionnelles sahéliennes qui garantissent fraîcheur en été et chaleur en période froide.
La construction d'un exemplaire de ces maisons est estimée à 1600 euros, dont environ 70 % de l’investissement financier retourne, d’après les estimations, dans l’économie locale.
Le nouveau lieu d’habitation prend vie
Après analyse approfondie de leur dossier, les gestionnaires du projet décident des familles de réfugiés qui bénéficieront du programme, puis les invitent à participer à la phase de construction.
Les autorités locales, quant à elles, identifient les plus vulnérables de leur communauté à qui sera attribué un des logements réservés aux plus pauvres de la communauté.
Les nouveaux occupants peuvent se rendre dans les nouvelles maisons, dès qu’elles sont achevées et que les services de base, principalement l'accès à l'eau potable, sont disponibles.
Ces familles, qu’il s’agisse des familles de réfugiés ou des familles très pauvres de la communauté, ne possèdent ni la terre ni la maison et si elles décident de partir, d’autres occupants prendront leur place.
Par contre si une famille réside plus de cinq ans dans la maison, elle en deviendra propriétaire ainsi que du terrain.
Details
- Publication date
- 14 September 2018
- Region and Country
- Niger
- Thematic
- Strengthening resilience of communities
- Partner
- United Nations High Commissioner for Refugees