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Emergency Trust Fund for Africa
  • News article
  • 8 October 2018
  • 6 min read

Hadiza, mobilisatrice communautaire, ancienne victime de la traite

Hadiza, mobilisatrice communautaire
OIM/IOM - Monica Chiriac

Elle a quitté le Nigeria, cherchant une nouvelle vie en Europe.

Sur le chemin, Hadiza a été victime de gens malhonnêtes, en particulier de trafiquants d'êtres humains. La jeune survivante travaille maintenant pour empêcher d’autres de faire les mauvais choix.

Hadiza est une "mobilisatrice communautaire", ou "MobCom" pour l'OIM, l'agence des Nations Unies pour les migrations, au Niger. Elle fait partie des 50 hommes et femmes qui travaillent dur dans tout le pays pour sensibiliser les migrants aux risques de la migration irrégulière et aux alternatives qui existent.

Accompagné de 13 autres MobComs basées à Agadez, l'un des principaux points de transit migratoire du pays, elle accueille des migrants au bureau d'orientation de l'OIM, mais visite aussi quotidiennement différents ghettos et maisons closes pour nouer des relations avec les communautés locales et les réseaux migratoires.

Hadiza est aussi une ancienne victime de la traite des êtres humains et l'une des nombreuses Nigérianes qui se lancent chaque année dans le périlleux voyage à l'étranger, trompées par les fausses promesses d'une vie meilleure en Europe.

Avant de quitter Lagos, Hadiza avait suivi des études en gestion hôtelière et elle travaillait dans un hôtel. Son salaire n'était pas élevé, alors quand "l'amie d'un ami" lui a offert de payer pour un voyage en Europe et a promis de lui trouver un emploi dans un restaurant dès son arrivée, elle sauta sur l'occasion.

« C'est ce qu'elle m'a promis », se souvient Hadiza.

Les filles se couvrent une fois qu'elles sortent du ghetto pour se fondre dans la foule.
OIM/IOM - Monica Chiriac

La "madame" présentée par un ami organisa rapidement les préparatifs du voyage pour Hadiza et sept autres filles, et envoya aussitôt un chauffeur les chercher pour accomplir la première partie de leur voyage : atteindre la Libye. Sur le chemin, elles ont été kidnappées puis libérées une fois que leur "madame" s'acquitta de la rançon. Hadiza a rapidement découvert par d'autres voyageurs qu'elles étaient en réalité vendues à la prostitution.

« J'ai dit aux autres filles que je ne pouvais pas continuer le voyage soumise à ces conditions. »

Elles ne voulaient pas croire que c'était une arnaque. « J'ai appelé la dame qui a confirmé que c'était vraiment le genre de travail que l'on attendait de moi », a expliqué Hadiza. « Elle m'a demandé de la payer tout de suite si je ne voulais pas continuer le voyage. ».

Les autres filles acceptèrent de continuer le voyage vers l'Europe tandis qu'Hadiza essayait en vain de trouver les moyens de rentrer chez elle. En vain, c'est donc sous contrainte qu'elle a dû continuer.

Une fois en Libye, toutes les affaires que les filles possédaient ont été volées : l'argent, les vêtements et même l'équipement de cuisine qu'elles espéraient utiliser une fois en Europe. Tout ce qu'Hadiza a pu garder est son téléphone, qu'elle avait gardé comme si sa vie en dépendait.

Hadiza et les autres filles étaient enfermées dans une maison gardée au milieu de nulle part. « Il y avait une petite ouverture dans une clôture, alors à un moment propice, j'ai sauté à travers et j'ai couru », a raconté Hadiza. Elle a vendu son téléphone, sa seule possession, pour un peu d'argent et a convaincu un chauffeur de la ramener à Agadez.

Dès qu'ils sont arrivés à Agadez, l'homme qui avait aidé Hadiza l'a emmenée dans un ghetto et lui a dit qu'elle avait besoin d'apprendre le métier pour le rembourser pour le voyage. Hadiza supplia et supplia d'être libérée, elle voulait juste rentrer chez elle. En tant qu'orpheline, elle a grandi avec sa grand-mère et sa petite sœur. Sa grand-mère avait dit à Hadiza qu'elle préférerait mourir plutôt que de voir sa petite-fille se prostituer.

Hadiza a lutté pendant le mois et demi suivant pour économiser assez d'argent afin de payer le chauffeur qui l'a amenée là-bas. Elle et les autres filles du ghetto devaient souvent courir et se cacher à cause de la police la nuit. Les garçons de la ville les attrapaient parfois, les battaient et volaient leur argent. Les filles se disputaient les clients et l'argent tous les jours. « J'avais tellement honte. La souffrance était sans fin. Ce n'est pas une vie qui vaille la peine d'être vécue », se souvient Hadiza.

Un jour, une équipe de MobCom est venue dans son ghetto et a demandé à Hadiza ce qu'elle voulait. « J'ai commencé à pleurer. Je leur ai dit que je voulais que la souffrance cesse, que je ne pouvais plus supporter cela. Ils m'ont dit que je n'avais pas à le faire », a déclaré Hadiza. Quelques jours plus tard, elle remplissait sa candidature pour devenir mobilisatrice communautaire au bureau d'orientation de l'OIM à Agadez. Peu de temps après, elle a suivi une formation et a rejoint les MobComs lors de leurs visites régulières au ghetto jusqu'à ce qu'elle se sente assez confiante pour diriger elle-même les sessions.

Initialement, les migrantes dans les ghettos la renvoyaient car elles craignaient qu’elle ne travaille avec la police, mais elles comprirent rapidement qu'elles avaient plus de choses en commun avec Hadiza qu'elles ne le pensaient. « J'ai été dans la position de ces filles. Je sais ce qu'elles traversent », a-t-elle dit.

Hadiza est l'une des 50 mobilisateurs communautaires de l'OIM au Niger qui sensibilise les migrants aux risques de la migration irrégulière et à ses alternatives. Cependant, il y a seulement quelques mois, Hadiza résidait elle-même dans l'un des 30 ghettos à Agadez, luttant pour trouver les moyens de retourner au Nigeria. Aujourd'hui, Hadiza est de retour dans le ghetto, mais pour sensibiliser les migrants.

Hadiza est l'une des 11 non-Nigériens qui ont été embauchés comme mobilisateurs communautaires. Non seulement il est utile d'avoir des femmes mobcoms dans les ghettos, mais des étrangers comme Hadiza peuvent communiquer plus facilement avec leurs compatriotes - dans le cas de Hadiza, elle peut être un point focal pour d'autres Nigérians dans le ghetto. Beaucoup de ces migrants ont vécu au Niger pendant une longue période et n'ont pas l'intention de rentrer chez eux de sitôt.

Hadiza se sent accomplie lorsqu'elle est capable de diriger les volontaires vers le centre de transit, et se sent encouragée par ses collègues qui la traitent comme une égale : « Ils ne me méprisent pas parce qu'ils m'ont rencontré dans les rues. Mes collègues sont fiers de moi quand ils voient le travail que je fais et jusqu'où je suis venu », a déclaré Hadiza.

Hadiza et ses collègues d'Agadez, Arlit, Dirkou et Niamey ont sensibilisé près de 70 000 migrants cette année. Plus de 140 000 migrants ont été sensiiblisés depuis l'ouverture du premier bureau d'orientation à Agadez en 2016.
Les six centres de transit, ainsi que les quatre bureaux d'orientation et d’activités de sensibilisation, sont soutenus par le Mécanisme de Ressources et de Réponse pour les Migrants, financé par l’Union Européene et cofinancé par l'Agence Danoise pour le Développement International, Department for International Development (DFID), la Coopération Allemande et les gouvernements des Pays-Bas, de la France et de la Suisse.

Details

Publication date
8 October 2018
Region and Country
  • Niger
Thematic
  • Improved migration management
Partner
  • International Organization for Migration

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