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Emergency Trust Fund for Africa
  • News article
  • 14 November 2017
  • 4 min read

Le pari réussi d’une mode éthique

Une tisseuse de l'atelier AFEPO
Délégation de l'Union européenne au Burkina Faso / F. KABRE

Au Burkina Faso un atelier de tissage a fait le choix de l’emploi éthique et équitable.

Des produits prisés par les stylistes internationaux

La cadence est régulière, presque machinale. Tel un métronome, la navette de fil passe entre les mailles, de droite à gauche du métier à tisser. À Ponsomtenga, village situé à 20 km de Ouagadougou la capitale, on maitrise l’art du tissage. Chez les Mossis, l’ethnie principale de cette région, c’est même une tradition. Ici on porte avec fierté le Faso Dan Fani, « le pagne tissé de la patrie » en langue dioula.

Dans l’atelier de l’Association des Femmes tisseuses de Ponsomtenga (AFEPO), les 54 ouvrières s’affairent, chacune à leur poste. Sous le hall principal sont installées les tisserandes « grands métiers », des machines à 4 pédales pouvant réaliser des tissus de 50 mètres de long et d’1mètre 30 de large. Plus loin, les tisserandes « métiers verticaux » et « petits métiers ». Pascaline Ouedraogo est l’une d’entre elles. A l’ombre d’un arbre elle a installé son métier à tisser :

AFEPO fait partie du programme ITC/EFI - International Trade Centre / Ethical Fas-hion Initiative qui réunit plusieurs groupements artisanaux travaillant dans le textile au Bur-kina Faso et au Mali. Financé par l’Union européenne dans le cadre du Fonds fiduciaire d'ur-gence pour l’Afrique, ce programme a pour but de créer de l’emploi équitable et de dévelop-per de manière éthique et durable des micro-entreprises ou des associations comme celles de Ponsomtenga.

Un échantillonage des tissus produits par l'atelier AFEPO
Délégation de l'Union européenne au Burkina Faso / F.KABRE

Lorsqu’elle a poussé les portes de l’atelier, Joséphine Nikiema était dans une situation précaire. Veuve et mère de trois enfants, elle essayait tant bien que mal de subvenir seule aux besoins de sa famille, alternant le ramassage de cailloux et de bois pour les revendre. Agée aujourd’hui de 37 ans elle respire « avant c’était difficile mais maintenant vraiment ça va. Je gagne l’argent pour mes enfants pour leur école, leur santé et leur nourriture. Je suis veuve, je suis l’homme et la femme de la maison. Par la grâce du travail ça va beaucoup mieux ».

Travail à l'atelier AFEPO
Délégation de l'Union européenne au Burkina Faso / F. KABRE

Avant d’intégrer le programme, beaucoup de ces femmes pratiquaient déjà le tissage et la teinture, non pas dans un atelier mais en pleine nature, sous les arbres, dans des conditions sommaires et parfois dangereuses. A travers des sensibilisations et des formations, elles ont appris à manier les produits de teinture avec précaution, comme Odile 46 ans : « avant de teindre on se protège en mettant le cache-nez, les gants et les chaussures ». Après deux ou trois jours de séchage selon les couleurs, les fils sont mis en bobines puis donnés aux tisse-randes qui réalisent les motifs. « A l’origine tout part de la création des femmes » explique Fatou Maïga, une représentante du GIE CABES, Groupement d’Intérêt Économique Com-merce et Artisanat pour le Bien-Être Social, entreprise sociale chargée, avec le soutien du Projet Ethical Fashion Initiative, des ventes sur le marché international, de l’organisation de la production, de garantir des conditions de travail éthiques, des formations, du contrôle qualité pour tous les ateliers du projet, dont AFE-PO. Le GIE CABES met en commun plusieurs ateliers comme celui-ci afin de développer une offre complète et de qualité pour les acheteurs internationaux, avec des charges réduites. « Ce sont les femmes qui ont les idées. Quand les clients arrivent ils regardent les modèles existants et peuvent demander des modifications de couleurs ou de motifs. Là on fait des échantillonnages sur une longueur maximale de 25 mètres pour que le client voit à quoi va ressembler son tissu et si ça lui convient. Une fois le modèle validé, on commence alors la grosse commande ».

Les grandes marques conquises

Pour sa collection printemps-été 2014, la célèbre styliste londonienne Vivienne Westwood a été la première à utiliser les tissages réalisés dans les ateliers du programme ITC/EFI. Les autres créateurs lui ont rapidement emboité le pas : United Arrows, Edun, Sin-diso Khumalo, Brother Vellies & Roche Bobois pour ne citer qu’eux. Au total 52 maisons de couture ou de mode font appel aux artisans du programme. Outre les modèles « afro-traditionnels », les stylistes peuvent demander des motifs particuliers. C’est le cas du Japon qui a commandé plusieurs rouleaux de tissus « pied-de-poule » (Cf. photo). « Une collection équivaut à 3000 mètres de tissus » explique Haram Sidibé, coordonatrice du projet ITC/EFI. « Vous comprenez donc le potentiel de travail pour ces femmes. La mode veut se responsabi-liser de plus en plus. En outre elle veut des produits qui ont une histoire. Le Burkina Faso possède un patrimoine en matière de textile artisanal. La créativité est là, notre mission c’est de la mettre en relation avec un marché demandeur ». Une mode qui fait de plus en plus le choix de l’éthique et du responsable pour garantir à Pascaline, Joséphine et les autres tisse-rands du projet, un avenir meilleur et durable.

Details

Publication date
14 November 2017
Region and Country
  • Mali
  • Burkina Faso
Thematic
  • Greater economic and employment opportunities
Partner
  • ITC - International Trade Center

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