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Emergency Trust Fund for Africa
News article20 June 2022

À Djibouti, « les droits des migrants sont des droits humains »

Hamid Aboubaker Ali de la CNDH sensibilise les migrants sur leurs droits et sur l’existence des centres d’informations
© GIZ/Omar Saad

« De nombreux migrants transitent par la ville d’Obock, au nord de Djibouti, pour se rendre dans les pays du Golfe. Pendant leur longue traversée, ils souffrent de la faim, de la soif et parfois de problèmes de santé », explique Saleban Omar, président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH). La plupart des migrants sont en situation irrégulière, ce qui les rend vulnérables aux violations des droits humains pendant leur voyage.

« Les flux migratoires entraînent également des tensions avec la population locale, particulièrement la population rurale, qui doit partager ses ressources déjà très limitées, par exemple l’eau. Mais les droits des migrants sont des droits humains et notre mission est de protéger ces droits. Nous voulons servir de médiateur entre les migrants et la population locale afin qu’ils s’acceptent mutuellement et que la migration devienne plus humaine », ajoute Saleban Omar.

La CNDH a été créée en 2008 par décret présidentiel, le plus haut niveau de l’État ayant affiché sa volonté de faire progresser la question des droits humains en République de Djibouti. Avec l’aide de l’Union européenne et de l’Allemagne, l’organisation offre des services essentiels aux migrants et aux migrantes pour les informer de leurs droits et leur permettre de les faire valoir.

Informer les migrant·e·s sur leurs droits

En 2020, la CNDH a ouvert des centres d’information dans les cinq régions de Djibouti afin de couvrir l’intégralité du territoire national et de promouvoir la protection des droits humains. « Ces centres servent également de points d’information pour les migrants et pour les communautés locales », explique M. Omar.

L’année dernière, la CNDH a mené des campagnes pour renforcer la sensibilisation aux droits humains et présenter les centres d’information et leurs services destinés aux migrants et aux communautés locales. « Il faut que les migrants nous fassent confiance et que la population locale oriente les migrants vers nos centres », ajoute Saleban Omar.

Les centres d’information coopèrent avec des organisations de la société civile telles que l’Association Avenir et Développement d’Obock (AADO) dans laquelle travaille Datto Mohamed Ali. « L’ouverture du centre d’information à Obock nous permet d’orienter les migrants s’ils ont besoin d’information ou d’aide », explique-t-il.

Permettre aux migrants de porter plainte en cas de violations des droits humains

« Nous avons créé un mécanisme de plaintes qui inclut le suivi et le signalement des violations des droits humains au sein de la communauté locale et à l’encontre des migrants », ajoute Saleban Omar. Depuis le lancement du mécanisme de plaintes, la CNDH a reçu 33 affaires, dont 17 concernent des migrants. Le personnel facilite la réception des plaintes et les déclare ensuite sur une plateforme en ligne. La plateforme centralise les plaintes et utilise les informations jointes pour assurer le suivi des affaires. « Nos employés ont bénéficié de plusieurs formations et la procédure fonctionne maintenant très bien. Pour travailler de manière rigoureuse, il est important de se concerter avec les autres parties prenantes mobilisées sur les affaires, d’analyser les tendances et de réagir avec des mesures appropriées. »

Dans les centres d’information de la CNDH, les migrants peuvent déposer des plaintes pour violation de leurs droits © GIZ/Omar Saad
Dans les centres d’information de la CNDH, les migrants peuvent déposer des plaintes pour violation de leurs droits © GIZ/Omar Saad

Hamid Aboubaker Ali travaille au centre d’information d’Obock. Il parle afar, un peu d’arabe et amharique, les langues parlées dans les pays de la Corne de l’Afrique, ce qui est un gros avantage pour le centre et pour les migrants. « Parfois, les migrants se plaignent de différents types de violence, par exemple des bagarres avec d’autres migrants ». Il se souvient d’un migrant oromo qui a été menacé de mort par d’autres migrants en raison de son origine ethnique. « Il avait le statut de réfugié. Nous avons donc contacté l’Office national d’assistance aux réfugiés et sinistrés qui les a transférés, lui et sa famille, vers un autre camp où ils sont en sécurité. »

Assurer la protection des victimes

La CNDH collabore avec les forces de l’ordre locales, principalement sur l’identification et le suivi des violations des droits humains dans la population locale et à l’encontre des migrants. La CNDH et les forces de l’ordre ont pour objectif commun de renforcer l’état de droit lié aux droits humains ainsi que la lutte contre toutes les formes de discrimination. Elles coopèrent également à la mise à disposition d’une assistance juridique pour les victimes de violations des droits humains, particulièrement les femmes, les enfants et les autres personnes vulnérables.

« Nous sensibilisons la police, les garde-côtes et la gendarmerie aux droits humains, particulièrement en ce qui concerne les migrants, indique Saleban Omar. Nous avons aussi signé un protocole d’accord avec la police, les garde-côtes et 14 organisations de la société civile par lequel nous nous engageons à protéger les droits humains. Ce protocole formalise également notre coopération et promeut une meilleure protection des victimes de violations des droits humains à Djibouti. »

Contexte

Le programme « Améliorer la gestion des flux migratoires » (BMM) est financé par l’Union européenne, par l’intermédiaire du fonds fiduciaire de l’Union européenne pour l’Afrique, et par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Il a pour objectif de régulariser et de sécuriser la gestion de la migration dans la Corne de l’Afrique avec une approche basée sur les droits humains. Le BMM a aidé la CNDH à établir les mécanismes de plaintes destinés aux affaires de violation des droits humains, à créer les centres d’information et à organiser des campagnes de sensibilisation. Grâce au programme, la CNDH a bénéficié de formations sur la migration et les droits humains ainsi que sur le mécanisme de plaintes et a pu organiser des formations pour les forces de l’ordre.

Pour de plus amples informations sur le protocole d’accord (en anglais) : Djibouti: Row of agreements strengthens cooperation on protecting human rights in the area of migration

Details

Publication date
20 June 2022
Region and Country
Horn of AfricaDjibouti
Thematic
Improved migration management
Partner
GIZ

Programmes in the region

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