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Emergency Trust Fund for Africa
News article3 January 2018

La Voix des Jeunes du Sahel – Dialogue entre jeunes sur le thème Paix et Sécurité

Voix des jeunes : discussions Paix et Sécurité
Union européenne / F. Kabré

La Voix des Jeunes du Sahel est un projet co-financé par l’Union Européenne au travers du Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique et par le Royaume du Danemark pour améliorer les politiques nationale et sous-régionale en faveur de la jeunesse mais aussi à contribuer à l’élaboration d’une stratégie intégrée de jeunesse dans l’espace G5 Sahel.

Face au fossé générationnel qui menace la cohésion sociale et politique au Sahel, le projet contribue à structurer un dialogue entre associations de jeunesse et institutions étatiques au Sahel dans le but de favoriser l’implication de la jeunesse dans l’élaboration des politiques sociales et économiques aux niveaux local, national, régional et international. A cette fin, un réseau de 1 250 représentants d’associations de jeunesse au Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad et en Mauritanie a été constitué et représente plus de 1 000 organisations regroupant elles-mêmes des centaines de milliers de jeunes du Sahel.

Au sein de chacun des cinq pays d’intervention, sont gérés des espaces de dialogue structurés autour des thèmes de la formation académique et professionnelle, de l’accès au marché du travail, de la participation citoyenne des jeunes, de la tentation de la migration et du phénomène de la radicalisation religieuse.

Le thème Paix et Sécurité est le second sujet abordé au cours de la discussion électronique organisée dans ce cadre. Cette discussion a démarré le 29 octobre et s’est achevée le 14 décembre 2017.

La discussion électronique « Paix et Sécurité » a surprenamment peu mobilisé les jeunes membres du Forum de discussion qui vivent pourtant dans des pays où l’insécurité est fortement présente. Cette distance peut être expliquée par le fait que souvent, les jeunes considèrent que leur influence en la matière reste faible, et qu'ils préfèrent se concentrer sur des thèmes qui impactent quotidiennement leur vie, à savoir l’éducation et l’emploi. Par ailleurs, une différence d'approche est perceptible entre les jeunes des villes moins touchés par l’insécurité et ceux vivant en milieu rural, qui subissent au quotidien les effets de la présence des groupes armés, de coupeurs de route, et de bandits.

Plusieurs thématiques ont été abordées dans le cadre de cette discussion telles que l’approche sécuritaire de la gestion des conflits au Sahel, les relations entre civils et militaires ainsi que la radicalisation violente et la question des jeunes repentis. Enfin, le champ a été élargi à la sécurité humaine face aux effets du changement climatique.

Les participants ont globalement exprimé leur soutien à l’approche sécuritaire en soulignant que, de leur point de vue, celle-ci ne porterait ses fruits qu'à la condition qu’elle s’accompagne de mesures sociales, d’initiatives visant à désenclaver certaines zones et de développement (éducation, sécurité alimentaire, etc.). Ils déplorent que certaines zones soient délaissées par les Etats favorisant ainsi le développement des groupes armés et djihadistes.

La perception des Forces de défense et de sécurité (FDS) est généralement assez négative, et le dialogue entre la jeunesse et les représentants de l'ordre est désigné par les participants comme une nécessité, tandis que, dans certaines zones fortement touchées par les attaques djihadistes, les jeunes semblent indiquer ne pas pouvoir librement discuter avec les FDS de peur des représailles.

Il est intéressant de constater que très peu de messages associent la notion dangers au terrorisme. Pour les jeunes, les plus grands dangers sont d’ordre moral et/ou social: la corruption, l'inégalité, l'iniquité et l'avidité, l’injustice et l'impunité, la pauvreté, le chômage, le népotisme dans le recrutement de la fonction publique et les nominations dans le secteur public, la discrimination ethnique. Le terrorisme n’est que rarement évoqué.

Les jeunes considèrent la radicalisation violente comme un phénomène social plus que religieux même si le manque de réflexion sur la religion peut être un élément conduisant à la radicalisation. Ils mettent en cause certains prêches qui n’ont rien à voir avec la religion et conduisent les jeunes à la radicalisation violente. Ils établissent une corrélation entre la faiblesse du système éducatif, le manque de solutions alternatives offertes aux jeunes (formation professionnelle...), et la radicalisation violente.

Concernant la réintégration des jeunes repentis dans la société, ils sont plutôt bienveillants mais font une distinction entre les jeunes sans éducation, qu’ils considèrent comme des proies faciles mais récupérables et les jeunes éduqués qui ont fait un choix en toute conscience.

Les participants ont bien conscience que le changement climatique a des impacts sur les populations et pourrait être source de nouveaux conflits liés à l’accès aux ressources. Ils anticipent que certaines zones pourraient devenir hostiles, engendrant une lutte accrue pour le partage des terres indispensables à la vie humaine et animale. Les témoignages des jeunes identifient enfin les déplacements de populations comme un conséquence du changement climatique, ce qui pourrait accentuer les déséquilibres dans les pays d'accueil.

Entre octobre et décembre 2017, 1 022 membres entre 18 et 35 ans dont une majorité d’hommes (62,4 %) contre 37,6 % de femmes ont participé au forum de discussion électronique. On estime qu'un total de 777 membres s'est montré actif, provenant majoritairement du Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, France, Mauritanie, Cameroun, Belgique, Sénégal et Etats-Unis.

Details

Publication date
3 January 2018
Region and Country
TchadMaliMauritanieBurkina FasoNiger
Partner
Centre pour le dialogue humanitaire - HD

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