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Emergency Trust Fund for Africa
  • News article
  • 14 November 2019
  • 3 min read

Rentrée du Niger au Nigeria, Shakirat témoigne : « Je ne souhaite ce genre de souffrance à quiconque, pas même à mon pire ennemi »

Rentrée du Niger au Nigeria, Shakirat témoigne : « Je ne souhaite ce genre de souffrance à quiconque, pas même mon pire ennemi. »
IOM

L’initiative UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants a été lancée en Mai 2017 dans 13 pays de la région Sahel et Lac Tchad. Cette initiative vise avant tout à fournir un cadre cohérent de protection, d’aide et de sauvegarde des vies des migrants le long des routes migratoires de la Méditerranée centrale.

L’initiative permet, entre autres activités, de proposer protection et retour volontaire dans leur pays d’origine aux migrants en détresse qui en font la demande. C’est le cas de Shakirat, qui a pu rentrer au Nigéria après de nombreux mois d’errance et de souffrance sur les chemins de la migration irrégulière. Elle livre son témoignage :

"J'ai quitté le Nigeria avec un homme que je connaissais de chez moi. Je ne le connaissais pas très bien, mais comme je ne trouvais pas d'emploi chez moi, j'ai décidé de le suivre. J'avais besoin de survivre. Je devais me débrouiller seule. Personne d'autre ne le ferait pour moi.

Quand nous sommes partis, je n'avais aucune idée de l'endroit où nous allions. Quand nous sommes arrivés à Arlit, je n'ai pas pu trouver d'autre travail que la prostitution. J'ai séjourné dans un bordel à Arlit pendant 8 mois.

Parfois, je gagnais jusqu'à 20 000 CFA par jour, d'autres fois je ne gagnais rien. J'ai dû donner tout l'argent que j'ai gagné à la propriétaire du bordel. Si je n'en faisais pas assez, elle ne me donnait rien à manger. Parfois, même quand je lui donnais tout mon argent, elle pensait que je lui mentais et elle ne me nourrissait pas. Quelques fois, elle m'a menacée de prison jusqu'à ce que je lui dise que nous irions ensemble en prison si c'était le cas.

À un moment donné, je devais commencer à garder de l'argent pour moi parce que sinon, je mourrais de faim. J'ai envoyé de l'argent à ma famille à quelques reprises, mais j'ai dû payer 90 000 francs CFA par mois pour couvrir le loyer. Chaque mois, j'étais de plus en plus endettée.

Au début, je voulais continuer la route, mais une fois que j'ai entendu dire à quel point la route était horrible, j'ai décidé de rentrer chez moi.

Cependant, je n'avais pas d'argent pour le transport. Un officier de police m'a parlé de l'OIM, alors je suis allée au centre de transit et ils m'ont aidé à me rendre à Agadez.

J'ai énormément souffert. Parfois, des clients faisaient l'amour avec moi et prétendaient qu'ils n'étaient pas satisfaits, alors ils demandaient que je leurs rembourse leur argent. D'autres femmes rendaient leur argent dans ces cas et m'ont conseillé de faire de même. Je sais que c'est seulement 2 000 CFA, mais c'est de l'argent durement gagné pour moi. Une fois, j’ai refusé de le rendre, et l'homme m'a battue et a détruit ma chambre.

Nous étions 6 femmes partageant la même chambre. Nous nous entendions très bien, mais vivions dans une promiscuité terrible: nous nous sommes vues dans l'acte tout le temps. Jamais de ma vie je ne me suis imaginée faire une telle chose. Je pensais que je travaillerais dans un magasin ou comme femme de ménage. Si j'avais su que ce qui m'attendait sur cette route, je serais restée à la maison.

Nous sommes très pauvres, mais je suis extrêmement heureuse de retourner à la maison et de voir mon enfant. Mon père est mort et mon mari aussi. Mon enfant a besoin de moi là-bas. J'aime penser que cette expérience m'a rendue plus sage. Plus tu vis, plus tu apprends. Cependant, je ne souhaite pas ce genre de souffrance à quiconque, pas même à mon pire ennemi."

Depuis son lancement, l’Initiative a permis à 54 500 migrants de rentrer volontairement depuis un pays de transit vers leur pays d’origine dans la région Sahel et Lac Tchad. Près de 69 000 migrants ont été aidés à la réception et à la réintégration économique et sociale dans leur pays d’origine. Ils ont ainsi pu recevoir accueil à l’aéroport, hébergement, liquidités pour les besoins urgents, premiers soins médicaux, ainsi qu’une aide à l’emploi, la création de microentreprises, la formation, etc..

Details

Publication date
14 November 2019
Region and Country
  • Niger
Thematic
  • Improved migration management
Partner
  • International Organization for Migration

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