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News article25 September 20194 min read

Tidiane Traoré, ancien migrant et producteur d’anacarde : « En rentrant au pays, on crée de l’emploi, on combat la pauvreté et on empêche nos jeunes d’aller mourir dans l

Tidiane Traoré, ancien migrant et producteur d’anacarde : « En rentrant au pays, on crée de l’emploi, on combat la pauvreté et on empêche nos jeunes d’aller mourir dans les eaux de la Méditerranée »
AECID

Tidiane Traoré, un exemple de réussite dans l’anacarde. Un modèle tout court. Cet ancien migrant possède près de deux mille hectares de champs d’anacardier. Il en plante de toutes les variétés. Aujourd'hui, il possède huit variétés d’anacarde dans ses champs. Mais qui est Tidiane Traoré qui surprend plus d’un dans la production d’anacarde ? Ancien aviateur aux Etats-Unis et en France, il s’est converti aujourd’hui à la retraite dans la plantation et la production d’anacarde à Dialakoroba, dans la région de Koulikoro.

Tidiane Traoré s’envole au Gabon auprès des parents à l’âge de 4 ans. Dans ce pays, il passe ses études primaires, fondamentales et secondaires avant de décrocher, à la suite d’un concours, une bourse d’études aux Etats-Unis en aviation. Il a été migrant pendant plus de 23 ans, une aventure l’ayant conduit depuis les Etats-Unis, au Texas comme étudiant, plus tard comme aviateur en France et en Côte d’Ivoire. Finalement, il décide de retourner au bercail et de s’investir dans l’anacarde.

Quel est votre parcours de migrant ?

« Je me suis investi pour apporter plus à cette localité. Je suis allé à l’aventure pour des études. Quand j’ai fini mes études dans l’aviation aux Etats-Unis, je suis resté sur place et travailler, ensuite en France pour travailler. J’ai passé plus de 23 ans à l’extérieur. Quand j’ai pris ma retraite, j’ai décidé de rentrer au Mali pour investir afin de faire valoir le potentiel que nous avons et le mettre à profit pour toute la jeunesse. »

Pourquoi avoir choisi d’investir dans l’anacarde à votre retour au Mali ?

J’ai investi dans l’anacarde parce que c’est un fruit qui est très porteur. Les amandes sont beaucoup demandées. D’après des études, pendant quarante ans encore, la demande sera plus forte. Avec l’anacarde, on peut créer beaucoup d’emplois pour la jeunesse. Ce n’est pas un cadre familial mais plutôt industriel et la demande de main d’œuvre est très élevée. Telle a été la vision qui peut aider à freiner la migration et l’intention des jeunes à partir mourir dans les eaux de la Méditerranée.

J’ai fait un gros projet de 2 000 hectares qui permettra d’avoir à la longue à peu près 500 emplois permanents. C’est cela l’objectif de ce chantier que j’ai mis en place. J’ai commencé à investir en 2009, notamment dans l’acquisition du foncier et après il a fallu chercher des fonds auprès des banques. Ce parcours m’a pris pratiquement trois ans de négociations avec les banques. Au départ, ce n’était pas un projet très bien connu encore. Maintenant, avec tous les engouements, les banques sont plus motivées qu’avant.

Est-ce facile d’investir au Mali pour un ancien migrant et ou un migrant en activité ?

Avant, ce n’était pas tout à fait facile mais avec le temps les choses deviennent plus faciles. Quand on demande de l’espace pour planter, les gens sont étonnés de voir qu’on veut beaucoup d’espaces. Alors qu’on ne peut pas créer de l’emploi quand on n’a pas assez d’espaces. Ils sont habitués à travailler sur 5 à 10 hectares alors qu’il faut des centaines d’hectares pour créer de l’emploi. Donc, finalement avec le temps que j’ai passé au Mali, les gens s’habituent peu à peu. Et dans ce cas, investir au Mali devient plus facile qu’avant.

A la longue, quelle est votre ambition ?

J’ai un champ de 319 hectares à Diatoumou, un village de Sanankoro dans l’arrondissement de Dialakoroba et un autre champ à Kola de 1 324 hectares et enfin un autre champ à Dialokoroba de 150 hectares. Je n’emploie que des jeunes qui n’ont pas de niveau scolaire, pour la plantation et ensuite les femmes du village pour les récoltes pour leur autonomisation parce que les femmes rurales supportent pratiquement toute l’économie des familles.

Elles récoltent et sont payées à la journée. Aujourd’hui, mon prochain objectif est de mettre en place une unité de transformation pour qu’il y ait des mains-d’œuvre permanentes et une plus-value de la matière première. Seulement dans le champ de 319 hectares, les productions annuelles environnent une trentaine de tonnes. Selon les provisions, on souhaiterait produire 1 500 tonnes par an. Une fois qu’on a ce chiffre, on mettra en place l’unité de transformation. Et à ce moment, on va employer davantage de femmes et de jeunes à la fois pour la récolte et pour le décorticage.

En tant qu’ancien migrant ayant bien réussi au Mali, quels messages et appels lancez-vous aux autres migrants ?

J’exhorte les migrants maliens disposant des moyens financiers de rentrer au pays, de se mettre en valeur, de créer de l’emploi et de faire une plus-value parce qu’en restant toujours à l’étranger, on reste anonyme. On passe tous le temps à épargner et c’est de l’argent qui ne produit pas. En rentrant, on crée de l’emploi, on combat la pauvreté et on empêche nos jeunes d’aller mourir dans les eaux de la Méditerranée. C’est une illusion. Beaucoup sont partis aujourd’hui et sont déçus. J’ai recruté des jeunes qui viennent de la Libye.
Si tout le monde pouvait revenir, au bout d’une dizaine d’années, les jeunes n’iraient plus de l’autre côté. Il faut revenir, nous avons de l’espace, nous avons de l’assistance et il y a beaucoup d’ONG qui nous assistent déjà pour le développement agricole.

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Details

Publication date
25 September 2019
Region and Country
  • Mali
Thematic
  • Greater economic and employment opportunities
Partner
  • Spanish Agency for International Development Cooperation

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